mardi 24 novembre 2009

Libéralisation des transports ferroviaires : ce qui nous attend

Le 13 décembre prochain, le troisième volet de la libéralisation du trafic ferroviaire en France et en Europe permettra l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs sur les lignes transnationales. Après le fret, c’est au tour du transport de passagers de subir les dérèglementations libérales imposées par Bruxelles et Strasbourg.

La SNCF se prépare d’ores et déjà à son nouveau statut et à la perte de son monopole. Baisse des effectifs, recours abusif à la sous-traitance, externalisation de ses activités, hausse des prix, imbroglio tarifaire, tous les ingrédients sont là pour faire en sorte que l’entreprise soit prête idéologiquement et financièrement à faire face à la concurrence. Les usagers peuvent déjà ressentir ces effets au quotidien et contrairement aux idées reçues, largement diffusées par les partisans de la privatisation du transport ferroviaire, ce n’est pas le statut d’entreprise public qui nuit au bon fonctionnement de la SNCF mais la nouvelle politique mise en place par la direction de la société depuis plusieurs années.

Les premières atteintes portées au service public ferroviaire remontent à 1997 lorsque la SNCF a été scindée en deux entités. La partie infrastructures a été confiée à Réseau Ferré de France (RFF), nouvelle structure créée pour l’occasion tandis que la partie exploitation commerciale restait sous la responsabilité de la SNCF. Schéma classique de la préparation à la privatisation, le gouvernement britannique de John Major avait fait de même au début des années 90. La situation du transport ferroviaire en Grande-Bretagne à la fin des années 90 aurait pourtant dû mettre la puce à l’oreille de nos gouvernants si tant est qu’ils n’aient pas créé volontairement cette situation.

Il est vrai que la libéralisation du transport ferroviaire en Angleterre s’est révélée catastrophique. La multiplication des accidents, l’explosion des tarifs, l’augmentation des retards et des annulations des trains ont contraint l’Etat britannique à renationaliser son réseau ferroviaire. Cette privatisation aura entrainé des dépenses publiques faramineuses, un gaspillage considérable dû à la multiplication des moyens et des exploitants et une fuite des capitaux destinés aux investissements vers les actionnaires des compagnies privées.

La libéralisation du transport de voyageur en Europe risque de créer les mêmes désagréments. En France cette libéralisation prendra soit la forme d’une concurrence entre plusieurs exploitants sur un même trajet, soit la mise en place d’un exploitant privé sur une zone délimitée. Cette dernière hypothèse est la plus probable puisque les régions sont depuis la loi SRU du 13 décembre 2000, compétentes en matière de transport ferroviaire de passagers. L’organisation des horaires, le renouvellement et l’entretien des matériels roulants sont ainsi revenus entièrement à la charge des régions mettant ainsi à mal l’égalité des citoyens en matière de service public puisque les régions aux budgets disparates garantiront un service inégal aux usagers.

Plusieurs présidents de région ont déjà demandé à l’Etat de libéraliser avant l’heure le transport ferroviaire national. Le quatrième volet portant sur l’ouverture complète du ferroviaire à la concurrence en France devrait voir le jour dans les cinq années à venir…

M.R. DLJ Haute-Normandie

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