Turquie : Obama ripe de l'OTAN à l'Union europénne
Par Antidote. Le sommet de l'Otan a été le théâtre de marchandages souterrains, une véritable guerre de position entre Obama, Sarkozy et Erdogan sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
Un retour raté dans l'Otan !
Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN devait, paraît-il, permettre de favoriser l’émergence d’un pilier européen de défense. C’est ce que Nicolas Sarkozy claironnait depuis quelques semaines et qu’il confirmait lors du discours qu’il prononçait samedi à l’ouverture du sommet. Très adroit, Barack Obama donnait le change lors du sien. Mais dès la première décision que l’OTAN eût à prendre l’après-midi même, des esprits avisés pouvaient se rendre compte de la duperie. Reprenons.
La Turquie est aux manoeuvres.
Episode 1 : Afin de succéder au secrétaire général néerlandais de l’alliance atlantique, une grosse majorité de pays européens se mettent d’accord sur le nom du premier ministre danois en exercice, Monsieur Anders Fogh Rasmussen (1). Ce dernier a la réputation d’être un atlantiste bon teint, ce qui est la moindre des qualités lorsqu’on brigue un tel poste. Seulement, le Premier Ministre turc, Monsieur Erdogan, ne l’entend pas de cette oreille. Rasmussen n’a t-il pas manqué d’audace en n’embastillant point un dessinateur subversif (2) ? Erdogan menace donc de mettre son veto à la nomination de ce candidat impie. Formidable anniversaire de l’OTAN : La «famille occidentale» que rejoint la France -dixit notre Président - et dont l’objectif majeur est notamment de se battre au nom de «valeurs» - toujours dixit notre Président - peut-elle passer par pertes et profits la liberté d’expression en général et celle de la Presse en particulier ?
Episode 2 : Tout le monde y met du sien pour tenter d’amadouer Erdogan. Berlusconi y va même de son coup de fil, et loupe la photo officielle. Mais c’est après un entretien entre Obama et le Président de la République turque, Gül, que la Turquie, finalement, renonce à faire barrage à la nomination de Rassmussen. Le président américain lui aurait donné quelques garanties.
Sarkozy piégé!
Episode 3 : A Prague, dimanche matin, Barack Obama lève le voile sur les garanties en question. Lors de son discours, il appuie avec force sur la nécessité de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Nicolas Sarkozy réagit rapidement en déclarant que c’est aux Européens de décider d’une telle adhésion. Et il ajoute que lui-même reste opposé à cette perspective. Dans les paroles. Car dans les actes, il a voté l’ouverture de deux chapitres de négociation depuis mai 2007 et, surtout, il a fait sauter le verrou référendaire dans la constitution française.
Conclusion : Le « pari », dont parlaient les observateurs, sur la facilitation de la mise en place d’un pilier européen de défense dans l’OTAN grâce au retour de la France dans ses instances intégrées est déjà perdu. Pis, on assiste davantage au couronnement d’un pilier américain dans l’Union européenne.
Chapeau, monsieur le Président !
(1) Je connais très peu ce monsieur. Personnellement, mes deux Danois préférés sont Jens-Peter Bonde, créateur du Mouvement de Juin, qui gagna le référendum contre Maëstricht en 1992, et Flemming Povlsen qui terrassa quelques jours plus tard l’Allemagne d’Helmut Kohl en finale du championnat d’Europe de football. En juin 1992, il y avait vraiment quelque chose de fleuri dans le Royaume du Danemark.
(2) Auteur des fameuses caricatures de Mahomet dans un journal danois
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